mardi 26 juin 2012

Traversée vers les Açores

Samedi 16 juin, nous allons au marché de Lisbonne pour nous approvisionner en produits frais pour la traversée. Un peu de viande et de légumes à cuisiner pour les moments calmes, et de quoi grignoter dans les moments plus agités, en essayant de conserver une alimentation quasi-équilibrée. Lisbonne est aussi doté d’un super magasin diététique avec tous les produits sans gluten. Enfin, nous avons trouvé un magasin qui s’est spécialisé dans les produits locaux : pain de maïs et jambon à découper sont appétissants.
Il est l’heure d’aller chercher Pierre à l’aéroport. Le « hic » c’est que nous avions prévu d’y aller en transport en commun, avec changement de bus en centre ville, mais aujourd’hui a lieu une grande manifestation contre les conditions économiques au Portugal… Avec des trains de banlieue et un taxi, nous nous débrouillons.
Nous donnons juste le temps à Pierre (arrivé de Cardiff un peu pâle) de poser le pied sur le bateau et levons l’ancre : les conditions météo sont favorables à une traversée, et la marée descend ce soir et serait contre nous sur le Tage si nous attendions demain matin. Tant pis pour le tourisme à Lisbonne… Et une heure d’amarinage au près sur une rivière : pas mal non, pour préparer la traversée ?
Nous passons donc la nuit à Oeiras, une petite marina très récente et confortable (mais chère) à l’entrée de la rivière. Pour fêter notre départ vers les Açores (ou pour fêter le saint patron de Lisbonne), nous avons même droit à un feu d’artifice en musique !
Il est 8h30 dimanche 17 juin : c’est parti !
Notre plus longue traversée jusqu’à présent a duré 2 jours et 3 nuits. Nous pensons couvrir les 750 nautiques qui nous séparent de Santa Maria en 5 jours ou 5 jours et demi. En fait, nous n’arriverons que samedi 23 juin à 8h45, soit 6 jours plus tard en ayant parcouru 874 nautiques. Des vents faibles et contraires nous ont obligé à louvoyer le premier et le dernier jour, et les vents et mer forts de la 3° nuit à composer avec la direction des vagues…
Ah ! Cette 3° nuit ! Le « grand » souvenir de la traversée : 22 à 25 nœuds bien établis et des rafales à 32 nœuds, dans une mer « grosse ». Rien de grave, mais dans une nuit noire, tout est plus impressionnant. Deux ris, la trinquette (abattue au plus fort de la perturbation), nous avions l’impression de filer à fond de train dans l’inconnu ; les seules sources de lumière venant de la réflexion d’une lumière diffuse sur la crête écumeuse de notre sillage. Une lame déferle sans prévenir (ni buter sur le franc bord) dans le cockpit : pas sympa pour les deux marins de quart, mais les 200 litres d’eau sont instantanément évacués grâce au cockpit ouvert. Au fait, qui avait « omis » de verrouiller le hublot arrière droit, celui qui donne sur la couchette des parents ??
Et, bien sûr, les sifflements, les grincements du gréement, les bruits divers auxquels on devient très sensibles. D’ailleurs, même par temps plus calme, nous avons tous les trois « entendu » des voix !
Au bilan, d’excellentes conditions de traversée, avec peu de calme plat (seulement 36 heures de moteur et souvent en combinaison voile et moteur), un soleil quasi omniprésent, des ciels pleins d’étoiles (mais sans lune), dont certaines filantes, des satellites… des vents majoritairement maniables et porteurs et une légère perturbation.
6 jours, cela reste long : nous avons le temps de réfléchir… 360° d’horizon uniforme (sauf le sens du vent et des vagues)… Nous comprenons très bien la théorie de nos grands aïeux d’une terre plate et ronde, avec le risque de tomber dans le néant lorsqu’on en atteint le bout…
Pierre à la cuisine
La nuit, ce sont les quarts de 3 heures qui nous occupent et la surveillance des autres bateaux sur la mer (en fait, une douzaine de cargos pendant les première 24 heures, puis une demi-douzaine en 5 jours, pas toujours signalés par une émission radio AIS), aucun voilier. Je dois d’ailleurs rapporter qu’après 2 jours d’un horizon constant et vide de signaux humains, un cargo peut apparaitre « beau » !
Pendant la journée nous observons de près les humeurs du vent et sommes plus exigeants quant à la vitesse du bateau (nous avons l’occasion de passer une journée sous spi et plusieurs fois de combiner voile et moteur ; le bateau atteindra quand même 11,2 nœuds), nous complétons nos nuits, accordons beaucoup d’importance à nos repas et autres petits plaisirs, regardons la mer. La rencontre avec les animaux est très importante. Des bancs de petits dauphins vont nous accompagner à 4 reprises : c’est à chaque fois la fête ! Des oiseaux que nous ne connaissons pas se montreront tout le long de notre trajet, rasant la mer et s’appuyant d’une aile sur la crête d’une vague pour virer : Internet nous apprendra à l’arrivée qu’il s’agit de puffins cendrés, relativement spécifiques. Durant la dernière journée nous observons de petits « flotteurs » d’une dizaine de centimètres de long à la surface de la mer, en forme de voile de jonques chinoises : des poissons volants ?? Grâce à une liaison satellite nous prenons une fois par jour les prévisions météo et donnons notre position à Patrick. Ce moment est choisi en fonction de l’état du skipper : Daniel doit en effet « gérer » son mal de mer, qui le tiendra bien 4 jours sur 6…
Il faut se protéger du soleil
Dernière aventure à l’approche de Santa Maria : du brouillard qui s’ajoute à la nuit. Avec le radar et l’équipage au complet sur le pont, tout se passe bien. Mais les côtes tardent à se montrer… En fait, nous comprendrons que le phénomène est normal : les 590 mètres d’altitude du Mont Pico Alto condensent la vapeur de l’atmosphère…
Belle arrivée…  L’équipage et le bateau sont en bon état. Tout est salé, les coussins, les vêtements. Les pantalons sont pratiquement raides de sel. La drisse de grand’ voile devra être amputée d’un bon mètre : elle est usée par le réa du premier ris. Nous avons perdu une pince multiprise utilisée pour manipuler l’hélice de l’hydro-générateur. Bref : tout c’est passé au mieux !
L'entrée du port de Santa Maria
Notre premier contact est avec la police maritime qui nous attend sur le ponton (très sympa…), puis avec le responsable de la marina, etc… C’est long quand on est en manque de sommeil et que l’on veut profiter de l’île avant de reprendre l’avion pour Londres !

1 commentaire:

  1. Et oui, il est bien à bord, le neveu ... de corvée de patates ... mais il barre aussi ...
    Cool ...
    MPS

    RépondreSupprimer

Bonjour, vous pouvez ajouter un commentaire en choisissant "Anonyme" dans le menu déroulant.